Abaya : "L'exécutif utilise l'école comme réponse aux émeutes"
Gabriel Attal a choisi le 20 heures de TF1 pour lancer la rentrée scolaire. Dimanche 27 août 2023, le nouveau ministre de l'Éducation nationale a répondu aux questions d'Anne-Claire Coudray, pour neuf minutes d'interview. Depuis une semaine, seulement quelques secondes alimentent désormais la chronique médiatique : le ministre a annoncé avec tambours et trompettes l'interdiction du port de l'abaya dans les collèges et les lycées.
Pourtant, il y en a des choses à dire sur le terrain de l'Éducation nationale : le baccalauréat, les 3 100 postes non pourvus, la (faible) rémunération des enseignants, le fameux Parcours d'accès aux carrières de la fonction publique territoriale, hospitalière et d'État (Pacte), les mauvaises conditions de travail… etc. Comment le gouvernement communique-t-il en cette veille de rentrée scolaire ? Pourquoi un tel matraquage médiatique sur l'abaya depuis une semaine ? Et qu'est ce que les annonces de Gabriel Attal disent de l'état de l'Éducation nationale ? Pour répondre à toutes ces questions, ASI reçoit Sophie de Tarlé, rédactrice en chef du Figaro étudiant, Philippe Meirieu, professeur en sciences de l'éducation, et Sophie Vénétitay, professeure de sciences économiques et sociales et secrétaire générale du premier syndicat enseignant dans le secondaire, le Snes-FSU.
"La manœuvre politicienne des abayas"
Pour Philippe Meirieu, la mise en avant du sujet des abayas – même s'il doit être traité par les journalistes – est "une manœuvre politicienne, qui consiste a reprendre la main et à imposer aux médias, qui le veulent bien et s'en emparent bien volontiers, un sujet au détriment d'autres". Il y avait pourtant bien d'autres sujets sur lesquels les médias pouvaient se pencher : "J'aurais préféré qu'on parle de la pénurie des enseignants, de l'éducation prioritaire, de la situation d'un certain nombre de collègues directeurs d'école qui croulent aujourd'hui sous les tableaux Excel et qui n'ont plus le temps de s'occuper des élèves et des parents. J'aurais préféré qu'on parle de ces choses-là et de ce quotidien-là des enseignants qui font l'honneur de la République et qui font qu'elle sera respectable et respectée".
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