je propose à tout le monde de lire:
hamadi redissi, sociologue tunisien, dans "l'exception islamique"
et le psy Moutapha Safouan, “Pourquoi le monde arabe n‚est pas libre. Politique de l’écriture et terrorisme religieux”, Denoël, Paris, 2008.
un intellectuel résume une partie de la thèse de l'auteur, elle n'est pas la même que la mienne mais éclaire le débat sur le boulet de la loi révélé : l'ossification d'une langue sacrée éloignée du peuple.
je cites :
Mais pourquoi ne voit-on pas naître, au sein même de la communauté musulmane, comme en Europe, une sorte d’intelligentsia qui discute les textes sacrés, les mettant en dialogue avec la culture gréco-romaine ? La différence est dans la rupture qui s’introduit dans l’Europe chrétienne et la naissance d’un sécularisme, lequel n’est pas une irréligion ni un athéisme mais « une rupture totale avec ces formes traditionnelles d’éducation et de transmission » (il s’agit de l’éducation familiale relayée par la religion et les institutions de l’Etat). Une rupture qui est à la naissance des universités et à la constitution, dans des villes importantes, d’une classe d’hommes dont la seule occupation était d’apprendre et d’enseigner et qui devint une force sociale annonçant l’humanisme du XVIe siècle. Et Safouan rêve à une série de propositions pour l’Egypte, parmi lesquelles celle qui lui semble la plus importante, car il y consacre un long développement, alléguant l’autorité d’Ibn Khaldoun que les écrivains trouvent « le courage de rompre la barrière élitiste de l’arabe classique, car celle-ci les aliène au régime et fait d’eux un groupe de lettrés qui se lisent les uns les autres mais n’ont aucune communication avec le reste de la population ». Après tout, ajoute-t-il, « la différence entre l’arabe du Coran et l’arabe parlé est aussi importante que la différence, aujourd’hui, entre l’italien et le latin ». Cette approche, stimulante certes, mérite débat.
Safouan n’est pas un simple analyste du politique. Il est un observateur engagé, comme le prouvent son opposition farouche au populisme socialisant de Nasser et la lucidité avec laquelle il apprécie le phénomène du terrorisme dans ces phrases qui achèvent son ouvrage : « Certes le terrorisme est un crime qui doit être combattu, mais cette vérité incontestable ne doit pas servir de prétexte pour méconnaître l’existence des partis islamiques qui ont rejeté ou rejettent encore le terrorisme. Dès lors, le refus obstiné de les reconnaître perd toute justification, sauf à vouloir conserver le monopole du pouvoir. »
(*) Moutapha Safouan, “Pourquoi le monde arabe n‚est pas libre. Politique de l’écriture et terrorisme religieux”, Denoël, Paris, 2008.
salut
ps pour un type avec un bandeau c'est pas mal non?
hamadi redissi, sociologue tunisien, dans "l'exception islamique"
et le psy Moutapha Safouan, “Pourquoi le monde arabe n‚est pas libre. Politique de l’écriture et terrorisme religieux”, Denoël, Paris, 2008.
un intellectuel résume une partie de la thèse de l'auteur, elle n'est pas la même que la mienne mais éclaire le débat sur le boulet de la loi révélé : l'ossification d'une langue sacrée éloignée du peuple.
je cites :
Mais pourquoi ne voit-on pas naître, au sein même de la communauté musulmane, comme en Europe, une sorte d’intelligentsia qui discute les textes sacrés, les mettant en dialogue avec la culture gréco-romaine ? La différence est dans la rupture qui s’introduit dans l’Europe chrétienne et la naissance d’un sécularisme, lequel n’est pas une irréligion ni un athéisme mais « une rupture totale avec ces formes traditionnelles d’éducation et de transmission » (il s’agit de l’éducation familiale relayée par la religion et les institutions de l’Etat). Une rupture qui est à la naissance des universités et à la constitution, dans des villes importantes, d’une classe d’hommes dont la seule occupation était d’apprendre et d’enseigner et qui devint une force sociale annonçant l’humanisme du XVIe siècle. Et Safouan rêve à une série de propositions pour l’Egypte, parmi lesquelles celle qui lui semble la plus importante, car il y consacre un long développement, alléguant l’autorité d’Ibn Khaldoun que les écrivains trouvent « le courage de rompre la barrière élitiste de l’arabe classique, car celle-ci les aliène au régime et fait d’eux un groupe de lettrés qui se lisent les uns les autres mais n’ont aucune communication avec le reste de la population ». Après tout, ajoute-t-il, « la différence entre l’arabe du Coran et l’arabe parlé est aussi importante que la différence, aujourd’hui, entre l’italien et le latin ». Cette approche, stimulante certes, mérite débat.
Safouan n’est pas un simple analyste du politique. Il est un observateur engagé, comme le prouvent son opposition farouche au populisme socialisant de Nasser et la lucidité avec laquelle il apprécie le phénomène du terrorisme dans ces phrases qui achèvent son ouvrage : « Certes le terrorisme est un crime qui doit être combattu, mais cette vérité incontestable ne doit pas servir de prétexte pour méconnaître l’existence des partis islamiques qui ont rejeté ou rejettent encore le terrorisme. Dès lors, le refus obstiné de les reconnaître perd toute justification, sauf à vouloir conserver le monopole du pouvoir. »
(*) Moutapha Safouan, “Pourquoi le monde arabe n‚est pas libre. Politique de l’écriture et terrorisme religieux”, Denoël, Paris, 2008.
salut
ps pour un type avec un bandeau c'est pas mal non?