Considérons la probabilité de l’apparition au hasard d’un organe. Il est impossible qu’il apparaisse en une seule fois ; « Supposons qu’environ 100 gènes soient représentés par des allèles appropriés pour réaliser un œil, supposons que le taux de mutations de ces gènes soit 10 puissance — 5 (1 pour 100 000) La probabilité pour que toutes ces mutations se produisent simultanément est de 10 puissance — 500 » (Dobzhansky et Boesiger, Essais sur l’évolution, 1968, p.156). Il s’agit là d’un hasard impossible. « En effet, si nous nous envisageons les phénomènes qui peuvent se passer dans la portion d’univers qui nous est accessible, nous arriverons à la conclusion que la probabilité de 10 puissance — 50 est certainement négligeable à l’échelle cosmique et par suite, lorsque la probabilité pour qu’un évènement ne se produise pas est inférieure à 10 puissance — 50, nous devons regarder cet évènement comme absolument certain » (Borel, Traité du calcul des probabilités et de ses applications, 1952, t.IV, f.III). Lorsque donc la probabilité pour qu’un évènement se produise est inférieure à 10 puissance — 50, nous devons regarder cet évènement comme absolument impossible. On doit donc admettre que l’œil s’est formé progressivement. Sans doute n’a-t-on jamais constaté de « mutations progressives » (cf. Jean Rostand, Les Chromosomes, 1928 p.166) Admettons cependant leur existence, admettons que des cellules photoréceptrices aient été l’ébauche de l’œil. Pour que cette ébauche ait pu constituer un avantage sélectif, il faut qu’elle ait été reliée à d’autres organes, par exemple à des nerfs, sans quoi elle aurait été inutile. Admettons l’hypothèse qu’implique la théorie du hasard, à savoir que l’être vivant est une machine, par exemple une machine à programme : on peut supposer qu’une ébauche d’organe a nécessité au moins 20 instructions indépendantes, c’est-à-dire 20 mutations. Or une mutation a 1 chance sur 100 de se produire, elle a donc une probabilité de 10 puissance — 2. Admettons qu’elle soit toujours favorable. Il faudra, pour qu’apparaisse cette ébauche, qu’un individu porte en même temps 20 mutations. Autrement dit la probabilité est de (10 puissance -2) (puissance — 20) = 10 puissance — 40. Si pour la portion de l’univers qui nous est accessible un évènement d’une probabilité de 10 puissance — 50 est impossible, pour la Terre et dans un temps très limité par rapport à l’échelle cosmique un évènement d’une probabilité de 10 puissance — 40 est, a fortiori, absolument impossible. Une telle probabilité est inférieure à celle d’une apparition d’une série de 40 six au jeu de dé (6 puissance — 40). Rappelons que — pour qu’une telle série ait une chance d’apparaître, supposé que 4 milliards d’hommes lancent un dé 60 000 fois par jour, il faudrait attendre plus de 10 millions de milliards de milliards d’années. L’apparition par hasard de l’ébauche d’un organe relève donc d’un hasard impossible.
Juste la lecture...Il y a la réference de l'ouvrage ainsi que la page...