HAYRETTIN EFFENDI, LE DERNIER EUNUQUE NOIR DE TURQUIE
Les eunuques africains dans l'Empire Ottoman
Pendant plusieurs siècles, un trafic d'enfants, généralement connu sous le nom de "l'impôt de sang" , fut pratiqué des pays et régions sous domination ottomane en Europe, Asie et Afrique, vers les palais des sultans ottomans à Constantinople (Istanbul).
Des enfants blancs et noirs étaient victimes de cet esclavage.
Les fillettes étaient destinées à garnir les harems en qualité de concubines ou à devenir des servantes. Les garçons servaient dans l'armée ottomane ou dans l'administration, étaient utilisés comme une main d'oeuvre servile ou domestique. Certains étaient employés comme pages au palais ou eunuques dans les harems des sultans.
Les premiers eunuques noirs étaient employés dans l'Empire ottoman à partir de 1485. Les sultans les faisaient venir d'Ethiopie et de la région du Lac Tchad. Jusqu'à la fin du XVe siècle, seuls les eunuques blancs gardaient les concubines des sultans dans les harems. En 1587, un Noir reçut le titre de Chef des Eunuques. Connu sous le nom de Kizlar Agasi, il avait le rang de pacha, était le commandant des hallebardiers du palais. Il commandait de nombreux hauts fonctionnaires de l'Empire et avait d'importantes fonctions religieuses. Il était l'intendant des mosquées impériales et des fondations pieuses de la Mecque et de Médine. Il entretenait des rapports privilégiés avec le sultan et était l'homme le plus craint du pays.
Lorsqu'il prenait sa retraite, il se retirait en Egypte où il menait une existence dorée.
Aujourd'hui encore, on peut visiter dans la capitale turque, Istanbul, le bâtiment qui abritait les appartements des eunuques noirs des palais des sultans. Ils étaient six cents à y habiter en même temps! L'Afrique, leur continent d'origine, restait présente dans leur imaginaire. Ainsi dans les murs de certaines chambres, on peut apercevoir des peintures de paysages africains que certains eunuques avaient réalisées.
Les derniers eunuques noirs
La publication en 1998 d'un livre en turc, Meyyale, par le Dr Hifzi Topuz, apporte de précieux éclairages sur la vie quotidienne des derniers eunuques de l'Empire ottoman au XXe siècle.
Ceux-ci ne devinrent libres qu'à partir de 1918, année où fut proclamé le Mesutiet, l'interdiction de l'esclavage en Turquie.
Le chapitre VIII du livre de Hifzi Topuz est consacré aux eunuques des harems.
L'auteur turc évoque sans complaisance les souffrances subies par ces hommes : de l'arrachement à leurs familles et régions natales d'Afrique à la douloureuse opération de castration à laquelle seuls 10% des enfants survivaient, à leur transfert en Turquie...
Dans les années 1960, on pouvait encore rencontrer dans les rues d'Istanbul, en particulier dans le quartier Bostanji, les derniers eunuques noirs. En règle générale, les eunuques restaient muets sur leur passé. Ils mouraient avec leurs secrets. Cependant, Hayrettin Effendi, le dernier eunuque du dernier sultan ottoman Resat, décida un an avant sa mort en 1976 de raconter toute l'histoire de sa vie à un ami de quartier...70 ans après son enlèvement d'Ethiopie.............
Noirs de Turquie : Hayrettin Effendi, le dernier eunuque