Source : Jeune afrique
Que dit le Coran sur le voile ? Rien. Mais strictement rien. Nulle part, il nest question de la tête de la femme. Le mot « cheveux » (shaar) ny existe tout simplement pas. Dieu ne dit ni de les couvrir ni de les découvrir. Ce nest pas Sa préoccupation principale, et Il ne fit pas descendre le Coran pour apprendre aux gens comment se vêtir. Le terme ashâr, pluriel de shaar, ny intervient quune seule fois (XVI : 80) pour désigner le poil de certains animaux domestiques. Rien, donc, dans le Coran, ne dit aux femmes explicitement de se couvrir les cheveux.
Le terme voile, dans le sens quon lui donne aujourdhui, ne fait pas partie du vocabulaire coranique. Le voile est une création de la charia. Le Coran emploie trois termes que lon a interprétés, à notre sens, dune façon abusive dans le sens de voile : hijâb ; jilbâb ; khimâr.
Voici les premiers textes, qui concernent les épouses du Prophète exclusivement :
« Croyants ! nentrez pas dans les appartements du Prophète, sauf si vous êtes invités à un repas, sans être là à en attendre la cuisson. Si vous êtes invités, entrez. Le repas
terminé, retirez-vous, ne vous attardez pas à converser familièrement. Cela importune le Prophète, et il a honte de vous le manifester. Mais Dieu na pas honte de la Vérité. Si vous demandez quelque chose à ses épouses, faites-le derrière une tenture (hijâb) : cest plus pur pour vos curs et pour les leurs. Il nest pas convenable pour vous dimportuner le Messager de Dieu, ou de vous marier avec ses épouses après lui. Cela, jamais ! Cela, auprès de Dieu, serait une grave offense. Du reste, que vous manifestiez quelque chose, ou
que vous le cachiez, Dieu est, de toute chose, omniscient. Nul blâme pour elles en ce qui concerne leurs pères, fils, frères, fils de leurs frères, fils de leurs surs, leurs servantes ou leurs esclaves. Et quelles craignent Dieu, Dieu qui de toute chose est témoin » (Coran XXXIII : 53-55).
À propos de la descente de ce verset, des commentateurs rapportent cette anecdote, quil faut situer en mai 627, après la bataille dAl-Khandaq : un jour, le Prophète était assis avec Aïcha (614-678) à ses côtés. Le chef des Ghatafân, qui avait participé aux côtés des Mecquois au siège de Médine deux mois plus tôt, fit brusquement irruption dans sa chambre. Cétait la coutume et le Prophète en souffrait sans oser se plaindre. Aïcha avait alors 13 ans. Elle était une adolescente, une ravissante rousse. Ébloui par sa beauté, le chef des Ghatafân, selon lusage courant, fit au Prophète une proposition déchange avec son épouse qui, dit-il, était la plus belle créature du monde. À Médine, on spéculait alors sur sa mort pour se partager ses épouses.
Aïcha fut accusée dadultère et lon jasait dans la ville. Cétait trop. Il fallait mettre fin aux atteintes à lhonneur du Prophète et soustraire ses femmes aux convoitises dont elles étaient ouvertement lobjet. Le vase était déjà plein. Il déborda, et ce fut la descente du verset susmentionné, dit du hijâb, quil faut situer dans son contexte historique et social.
Quelque temps après, dans la même sourate, un verset vint fixer, pour les femmes en
général, y compris les épouses du Prophète, quelques règles de décence dans leur tenue vestimentaire hors du foyer, vu les conditions de vie à Médine :
« Ceux qui offensent Dieu et Son Messager, Dieu les maudit ici-bas et dans lau-delà, et leur a préparé un châtiment humiliant. Ceux qui offensent les croyants et les croyantes,
pour des méfaits quils nont pas commis, ils se rendent coupable dune calomnie et dun péché avéré. Prophète ! dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants de rapprocher sur elles une partie de leur mante (yudnîna alayhinna min jalâbîbihinna). Cela est plus sûr pour quon les reconnaisse. De la sorte, on ne les offensera pas. Et Dieu est Pardon et Miséricorde. Sils ne cessent pas les hypocrites, ceux dont les curs sont malades et ceux qui propagent des rumeurs à Médine , nous tinviterons alors à sévir contre eux, et ils ne ty voisineront pas longtemps. Ils sont maudits. Partout où on les attrape, on sen empare, et on les met à mort sans pitié. » (Coran XXXIII : 57-61).
Il faut penser que ces mesures et ces menaces de sévir contre les dépravés de Médine navaient pas suffi pour moraliser les murs dans la ville, car les recommandations de décence furent reprises quelque temps plus tard dans la sourate Al-Nûr (« La Lumière ») :
« Dis aux croyants de retenir leurs regards et de préserver leur sexe. Ils nen sont que plus purs ainsi, et Dieu est bien informé de leurs agissements. Dis aussi aux croyantes de
retenir leurs regards, de préserver leur sexe, de nexhiber de leur beauté que ce qui habituellement en apparaît, et de rabattre leurs voiles sur leurs décolletés (li-yadhribna bikhumûrihinna alâ juyûbihinna). Quelles nexhibent leur beauté que devant leur époux, leur père, beau-père, fils, beau-fils, frères, neveux par les frères ou les surs, leurs servantes, leurs esclaves, parmi les hommes, aux gens de leur maison non sujets à suspicion, et aux enfants qui nont pas encore découvert lintimité des femmes. Quelles ne claquent pas des pieds pour attirer lattention sur leurs beautés cachées. Revenez tous à Dieu croyants ! pour espérer être parmi les heureux » (Coran XXIV : 30-31).
Pas un mot dans ces textes ne concerne la coiffure de la femme.
Le Coran ne parle pas du voile.