Séducteur, violent, bon vivant et surtout absolument pas porté sur la religion dans son quotidien. Curieux profil que celui de Mohamed Lahouaiej Bouhlel, le conducteur du camion fou qui a fauché près de 300 personnes, jeudi soir, sur la promenade des Anglais. Si la nature terroriste de son acte ne fait aucun doute -- par son mode opératoire, le choix aveugle de ses victimes et leur nombre aussi élevé --, sa motivation demeure une énigme. Et même si, comme l'a rappelé hier le procureur de la République de Paris, François Molins, son geste correspond en tout point aux appels aux meurtres d'une organisation djihadiste comme le groupe Etat islamique, rien dans l'existence de ce Tunisien de 31 ans n'évoque une quelconque radicalisation religieuse.
« Il s'habillait à l'occidentale, buvait de l'alcool, sortait en boîte de nuit, ne faisait pas sa prière, ne respectait pas le ramadan, énumère Youness, un de ses anciens voisins de palier. J'ai du mal à percevoir le lien avec la religion. J'ai plutôt l'impression qu'il a pété un plomb. » « Il donnait même à manger du porc à ses enfants », renchérit un proche de sa belle-famille.
« Il battait sa femme comme pas possible et elle avait signalé les faits à la police »
Né à M'Saken, dans la périphérie de Sousse en Tunisie, le 3 janvier 1985, Mohamed Lahouaiej Bouhlel vivait à Nice depuis plusieurs années. D'abord dans le nord de la ville, quartier Bateco, où réside la famille de son épouse, elle aussi d'origine tunisienne. Le couple a donné naissance à trois enfants, deux filles et un garçon, âgés de 5 ans à 18 mois. Mais dans ce quartier mixte de grands ensembles bien entretenus et plutôt agréables, les voisins n'ignoraient guère que le père de famille toujours apprêté et parfumé avait la main leste sur son épouse. « Sa femme nous avait parlé des violences dont elle était victime de sa part, se remémore une riveraine bouleversée dont les enfants fréquentent la même école que ceux du terroriste. Des violences verbales mais aussi physiques. » « Il la battait comme pas possible et elle avait signalé les faits à la police », ajoute Aida, une autre voisine horrifiée.
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