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Ibn Qudâmah écrit dans Al-Mughnî : « Cette précision [dAd-Dâraqutnî] doit être acceptée. Même sil ny avait pas cette addition, le récit devrait être interprété de cette manière. En effet, le Prophète lui permit de diriger les prières prescrites, - la preuve étant quil lui assigna un muezzin appelant à la prière et que lappel à la prière ne concerne que les prières prescrites - tandis quil ny a aucune divergence sur le fait quune femme ne peut diriger les hommes dans les prières prescrites. »
Puis, il ajoute : « À supposer que Umm Waraqah dirigeait effectivement la prière des hommes de sa famille, cela aurait constitué un cas particulier la concernant elle seule, la preuve étant quil nest pas permis aux autres femmes dappeler à la prière ou de la diriger. Son imamat fut donc un cas particulier la concernant, au même titre que le muezzin que lui assigna le Prophète. »
Ibn Qudâmah soutient son avis en faisant remarquer que la femme ne peut appeler à la prière pour des hommes, et que, de ce fait, il ne lui est pas permis de les diriger.
Je ne suis pas daccord avec lImâm Ibn Qudâmah pour dire que lautorisation prophétique concerne uniquement Umm Waraqah. Toute femme étant dans la même condition que Umm Waraqah, cest-à-dire connaissant et maîtrisant le Coran, peut diriger les prières prescrites et surérogatoires de ses enfants et proches parents, y compris la prière des tarâwîh [3].
Les Hambalites ont un avis tout à fait respectable sur la question, autorisant la femme à diriger les hommes dans la prière des tarâwîh. Cest lavis le plus réputé chez les premiers Hambalites.
Az-Zarkashî écrit : « Lavis consigné par Ahmad [4] et choisi par la majorité de nos condisciples est que la femme peut diriger les hommes dans la prière des tarâwîh. » Cest également ce que rapporte Ibn Hubayrah au sujet de Ahmad dans Al-Ifsâh `an Ma`ânî As-Sihâh (volume I, page 145).
Ceci concerne la femme maîtrisant le Coran et qui dirige la prière des gens de sa maisonnée et de ses proches. Certains ont également limité cela aux femmes âgées.
Lauteur dAl-Insâf écrit : « Dans la mesure où nous opinons que la femme peut diriger la prière des hommes de sa famille, elle doit néanmoins se tenir derrière eux pour garantir plus de décence, et ils la suivent dans ses gestes. Cest lavis le plus juste. »
Une entorse est faite ici à la position normale et originelle selon laquelle limam doit se tenir devant les orants. Cette exception vient garantir la décence et prévenir la tentation, autant que faire se peut.
Limamat de la femme devant ses ****urs
Quant à limamat de la femme dans une prière exclusivement féminine, de nombreux hadiths viennent lappuyer. On peut ainsi citer le hadith de `Âishah et de Umm Salamah - que Dieu les agrée -, rapporté par `Abd Ar-Razzâq, Ad-Dâraqutnî et Al-Bayhaqî daprès Abû Hâzim Maysarah Ibn Habîb, daprès Râitah Al-Hanafiyyah, selon qui `Âishah dirigea une prière prescrite dans une assemblée de femmes, tout en se tenant dans le rang. Ibn Abî Shaybah rapporte également daprès Ibn Abî Laylâ, daprès `Atâ, que `Âishah avait lhabitude de diriger la prière des femmes, en se tenant alignée avec elles dans le rang. Al-Hâkim rapporte daprès Layth Ibn Abî Salîm daprès `Atâ, que `Âishah avait lhabitude dappeler à la prière, de diriger la prière des femmes et de se tenir alignée avec elles dans le rang.
Ash-Shâfi`î, Ibn Abî Shaybah et `Abd Ar-Razzâq rapportent daprès `Ammâr Ad-Duhnî, daprès une femme de sa tribu appelée Hujayrah, que Umm Salamah dirigea les femmes dans la prière, tout en se tenant parmi elles.
Selon les termes exacts de `Abd Ar-Razzâq, Hujayrah rapporte : « Umm Salamah nous a dirigées dans la prière des vespres et se tint parmi nous ».
Le Hâfidh Ibn Hajar écrit dans Ad-Dirâyah : « Muhammad Ibn Al-Husayn rapporte daprès Ibrâhîm An-Nakha`î que `Âishah dirigeait la prière des femmes durant le mois de Ramadân, tout en se tenant parmi elles. » `Abd Ar-Razzâq rapporte daprès Ibrâhîm Ibn Muhammad, daprès Dâwûd Ibn Al-Husayn, daprès `Ikrimah, quIbn `Abbâs dit : « La femme dirige la prière des femmes tout en se tenant parmi elles ».
Nous souhaitons donc que nos soeurs qui sactivent à défendre les droits de la femme revivifient cet élément de la Sunnah, aujourdhui tombé en désuétude, consistant à ce que la femme dirige la prière dautres femmes, au lieu de se lancer dans cette innovation condamnable consistant à ce quune femme dirige la prière des hommes.
Lauteur dAl-Mughnî écrit : « Il y a divergence autour de la question suivante : est-il recommandé à la femme de diriger la prière dune assemblée de femmes ? Certains sont davis que cela est recommandé, cest lopinion de `Âishah, de Umm Salamah, de `Atâ, dAth-Thawrî, dAl-Awzâ`î, dAsh-Shâfi`î, de Ishâq et de Abû Thawr. On rapporte également que Ahmad est davis quil sagit là dune chose recommandée. Les tenants de lécole interprétative ont une opinion opposée et estiment que cest là une chose détestable ; néanmoins, si une femme dirige la prière des femmes, cette prière est valide. Ash-Sha`bî, An-Nakha`î et Qatâdah précisent que la prière en congrégation pour les femmes nest permise que concernant les prières surérogatoires, à lexclusion des prières prescrites. »