ça semble pas évident pour tout le monde pourtant. c' est exactement ça, un pur contre sens.
Ce qui à contre-sens est surtout ta compréhension de ce que doit être la religion... Dire qu'une religion ne peut être laïque est évidemment aussi hors-propos que de dire qu'une religion peut se passer de Dieu. Évidemment que la laïcité n'est pas le domaine de la religion, elle a trait à la séparation des couches religieuses et politiques, la non-référence au fait religieux dans la conduite des activités politiques.
Croire comme tu le fais que Islam est indissociable du pouvoir temporel et a vocation à régenter la norme sociale, est une affabulation d'intégriste qui prend ce que l'homme lui-même a sacralisé (le trait d'union entre Islam et politique) comme vérité inamovible.
C'est une ignorance assez plate de la portée du message coranique, ainsi - surtout - que des conditions dans lesquelles les premières communautés de musulmans ont été amenés à ériger un modèle législatif par copie du modèle de Médine. Cette copie n'est nullement la matérialisation d'une volonté prophétique ni coranique. Elle a constitué un choix purement humain à la suite d'un débat agité et dont les circonstances n'avaient strictement rien de religieux, bien au contraire.
C'est ignorer également les données socio-historiques dans lesquelles d'autres choix humains ultérieurs ont sacralisé ce modèle califal comme seul légitime, et en renforçant la législation par le biais de jeux de pouvoirs, et l'élévation de la Sunnah au rang de texte quasi-révélé sous l'impulsion de l'Imam al-Chafi'i.
La lecture d'auteurs comme Mohammed KallaFallat, Mohamed Talbi ou Farid Esack te ferait le plus grand bien, visiblement... Ignorer l'histoire musulmane est ton droit, mais tu gagnerais à en avoir conscience, ceci afin d'éviter de jeter des contre-vérités aussi stupéfiantes que celle qui consiste à dire que le seul musulman qui se respecte est celui qui considère l'Islam comme seule norme de référence pour la conduite des affaires sociales, et rejette toute autre forme de gouvernance, en en particulier démocratique.
A partir du moment ou le Coran insiste plusieurs fois sur le simple rôle de Messager dans le chef du Prophète, et non un rôle coercitif, il devrait être évident selon une lecture rationaliste et non-dirigée du livre Saint que l'Islam n'a nullement vocation à s'ériger en modèle politique. Pas plus qu'il n'a prétention à imposer la théocratie comme système préférentiel. Il laisse l'entière liberté aux hommes de conduire leurs affaire selon leurs besoins, avec l'outil d'une éthique générale non-contraignante révélée, et d'une responsabilité conférée à l'homme, qui est l'expression ultime de sa liberté.
Dissocier cette essence coranique des dérives intégristes que l'on lit sur ce site, aiderait grandement à s'épargner cet intégrisme nauséabond qui conduit à nier l'essence-même de la religion et de la liberté qu'elle lui confère. Le chemin est encore long pour certains.